Le Lean Six Sigma est une méthode de gestion de la qualité reconnue. Elle combine les principes du Lean (réduction des gaspillages) et du Six Sigma (réduction de la variabilité).
Lorsqu’il est bien appliqué, Lean Six Sigma permet :
- une meilleure performance opérationnelle,
- une réduction des coûts,
- une augmentation de la satisfaction client.
Cependant, beaucoup de projets échouent ou n’atteignent pas leurs objectifs. Pourquoi ? Parce que certaines erreurs clés sont souvent commises. Voici les cinq plus courantes — et comment les éviter.
1. Mauvaise définition du problème
Un projet Lean Six Sigma commence par une phase de définition (Define). Cette étape est fondamentale. Pourtant, elle est souvent négligée ou bâclée.
Erreur fréquente : L’équipe lance un projet basé sur une impression générale ou une plainte floue, sans données concrètes.
Exemple : « Nos délais de livraison sont trop longs » — sans savoir à quel point, dans quels cas, ni pourquoi.
Conséquences :
- Le périmètre devient flou.
- L’équipe perd du temps sur des sujets secondaires.
- Les résultats finaux sont décevants ou hors sujet.
Comment l’éviter ?
- Formulez le problème de manière précise : avec des chiffres, des faits, des dates.
- Recueillez la voix du client (VOC) pour comprendre les attentes réelles.
- Définissez les objectifs du projet avec la méthode SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporellement défini).
- Utilisez le modèle SIPOC pour visualiser les entrées, sorties, et processus concernés.
À retenir : Un problème bien posé est à moitié résolu
2. Négliger l’implication des parties prenantes
Un projet Lean Six Sigma implique plusieurs niveaux : direction, opérationnels, clients internes, etc. Sans leur engagement, le projet risque de stagner.
Erreur fréquente : Le chef de projet travaille en silo, sans consulter ceux qui vivent le processus au quotidien.
Résultat :
- Incompréhensions.
- Résistances.
- Mise en œuvre difficile, voire rejet.
Pourquoi cela arrive-t-il ?
- Par manque de temps.
- Par peur des conflits.
- Par excès de confiance dans une approche purement technique.
Comment l’éviter ?
- Identifiez les parties prenantes clés dès le début.
- Organisez des ateliers collaboratifs.
- Demandez des retours réguliers à chaque étape.
- Appuyez-vous sur un sponsor de projet qui porte le message auprès de la direction.
Bon réflexe : Impliquer les équipes permet de repérer des obstacles invisibles depuis le bureau. Cela favorise aussi l’appropriation des solutions.
3. Sauter trop vite à la solution
C’est une erreur classique : vouloir résoudre un problème avant de l’avoir analysé. L’intention est bonne, mais la méthode est mauvaise.
Erreur fréquente : On identifie une cause probable, puis on agit, sans passer par une vraie phase d’analyse.
Exemple : « Si on embauche une personne de plus, tout ira mieux » — sans avoir vérifié si le vrai problème est lié aux effectifs
Risques :
- Perte de temps.
- Solutions inefficaces ou temporaires.
- Retour du problème sous une autre forme.
Comment l’éviter ?
- Dans la phase Analyze, prenez le temps d’examiner les données historiques, les tendances, et les variations.
- Utilisez des outils comme :
- le diagramme d’Ishikawa (causes et effets),
- les 5 pourquoi (questionnement répétitif),
- l’analyse de Pareto (80 % des effets viennent de 20 % des causes).
- Confrontez vos hypothèses avec les faits.
Conseil : Évitez les décisions hâtives. Fondez chaque solution sur une analyse rigoureuse.
4. Sous-estimer la résistance au changement
Une solution technique peut être brillante. Mais si elle ne prend pas en compte les facteurs humains, elle risque l’échec.
Erreur fréquente : Le projet se concentre uniquement sur les processus, pas sur les personnes.
Pourquoi cette erreur est-elle fréquente ?
- Parce que le changement est souvent inconfortable.
- Parce que les habitudes sont fortes.
- Parce qu’on suppose que la logique suffit à convaincre.
Conséquences :
- Les utilisateurs ne suivent pas les nouvelles consignes.
- Les anciens comportements réapparaissent.
- Le moral des équipes baisse.
Comment l’éviter ?
- Accompagnez le changement avec un plan de communication clair.
- Organisez des formations ciblées.
- Répondez aux craintes, écoutez les objections.
- Impliquez les personnes concernées dans les décisions.
Exemple de bonne pratique : Désigner des « ambassadeurs Lean » dans chaque service pour diffuser la culture d’amélioration.
À ne pas oublier : Le facteur humain est aussi important que le processus.
5. Ne pas mesurer l’impact sur la durée
Trop de projets Lean Six Sigma s’arrêtent une fois la solution mise en place. Mais un projet terminé n’est pas toujours un projet réussi.
Erreur fréquente : Ne pas vérifier si les résultats sont maintenus dans le temps.
Conséquences :
- Retour aux anciennes pratiques.
- Perte de crédibilité.
- Gaspillage d’efforts.
Comment l’éviter ?
- Mettez en place un plan de contrôle avec des indicateurs de performance (KPI).
- Attribuez clairement la responsabilité du suivi.
- Planifiez des revues périodiques.
- Automatisez la collecte de données lorsque c’est possible.
Exemple concret : Si le projet visait à réduire le temps de traitement de commandes, continuez à mesurer ce délai chaque mois.
À retenir : L’objectif n’est pas juste de changer. C’est de s’améliorer durablement.
Conclusion
Le Lean Six Sigma peut transformer vos processus, vos équipes et vos résultats. Mais sa réussite repose sur une approche rigoureuse, humaine et structurée.
En évitant ces cinq erreurs courantes, vous augmentez vos chances de réussir vos projets. Vous créez aussi une dynamique d’amélioration continue durable.
Souvenez-vous : ce n’est pas la méthode qui garantit le succès. C’est la façon dont vous la mettez en œuvre.
Points clés à retenir
- Ne sautez pas la phase de définition : elle conditionne tout le projet.
- Fondez vos décisions sur des données fiables, pas des suppositions.
- Impliquez toutes les parties concernées dès le début.
- Prenez le temps d’analyser avant d’agir.
- Accompagnez les personnes dans le changement : écoute, formation, dialogue.
- Mesurez et suivez les résultats à long terme.
- Un projet Lean Six Sigma ne se limite pas à une boîte à outils. C’est une démarche de transformation continue.